Deux jours que je ne vais en cours qu'à dix heures. Deux jours que ma vieille amie revient. Celle qui m'oblige à rester les yeux ouverts presque toute la nuit. L'insomnie n'a de pitié que pour les sans angoisses.
Enfait, ça fait longtemps. Combien...? je ne sais plus exactement. Pourtant un soir je suis arrivée à m'endormir, en mettant tout de même une heure mais au moins, je dormais. J'avais enfin le droit de faire plusieurs rêves par nuit, je goûtais à un plaisir presque nouveau. Même si de temps en temps quelque cauchemars me donnaient l'impression de mourir, je ne me mourais plus chaque nuit.
Parce que c'est un peu cela l'insomnie, l'impression de mourir, que le monde plonge dans un silence profond malgré la respiration que s'accélère et les pensées qui se multiplient. La solitude qui emplit l'âme entier. L'impression de toucher le repos du bout des doigts mais de ne pas le ressentir.
J'aurais aimer être dans ses bras.
J'ai peiné pour respirer, pour me calmer. Les sanglots étaient violents et le noeud à l'estomac se serrait de plus en plus. Puis le chien des voisins a aboyé, ça a été comme un éléctrochoc mais je suis retombée.
Je ne sais pas pourquoi. En ce moment je n'ai pas d'angoisses particulières à part le fait que je suis moyennement inspirée. Je suis entrain de tomber amoureuse de quelqu'un qui m'aime sûrement, la fin de l'année approche à grands pas et je revois des amies qui m'ont horriblement manquée. Ma soeur va mieux et ma mère aussi. Alors ?
J'aimerai mieux comprendre les quelques bouts de moi qui tremblent.

Lorsque j'étais petite j'allais de temps en temps voir la psychologue de l'école à cause de mes problèmes de sommeil. J'adorais cette femme et son rouge à lèvre tomate, ses cheveux oranges, ses yeux pistache et son vernis chataigne. La salle où elle m'écoutait était sur les toits et je me souviens des jours où je quittais la salle de classe pour aller dans cette petite pièce chaleureuse. Derrière son gros fauteuil à l'allure confortable, on pouvait voir la pointe de je ne sais quelle église trouer les cieux.
Je me souviens de la phrase qui m'a guérie. Enfait, j'avais peur que des gens entrent dans la maison pendant la nuit. J'habite enface d'un moulin et elle m'a fait remarquer que si des gens allaient dans notre rue, ils iraient dans le moulin, comme le prouve le proverbe.

Mes peurs ne sont plus les mêmes, malheureusement. Un simple proverbe ne me fait plus le même effet.
J'espère que ma vieille amie ne va pas s'installer trop longtemps...