Mes cheveux mi-secs mi-mouillés sentent la pèche camomille, camomille comme le thé que je bois lentement.
Demain, décembre arrive, un brouillard givrant dans son ciel blanc, un vent glacé faisant virvoleté quelques flocons au hazard.
Dernière journée de novembre pas très gaie, pas triste non plus mais j'ai froid dans mon pull rayé à l'envers, à la verticale, rose et rouge. Les rayures roses sont en velours. Elles sont fines. Les rayures rouges aussi d'ailleurs.
Il appartient à ma Soeur ce pull. Mais Elle ne le met plus depuis longtemps. Je ne sais même pas si je L'ai déjà vu sur sa peau.
J'ai retrouvé des mots d'Elle dans sa chambre, sous son matelas. Des mots incompréhensibles, issus d'un esprit plus torturé que je ne le pensais. Je L'aime merde.

et j'ai peur pour Elle.

Peur qu'Elle s'en aille trop vite, emportée par un tourbillon cauchemardesque lui aussi issu de son esprit pas comme les autres. Parce qu'Elle est tellement fragile. Un rien peut la faire s'envoler. Et ça serait dommage qu'Elle s'envole trop tôt.

J'ai bossé tout la journée mais j'ai l'impression de n'avoir rien fait, alors je stresse.
Je ne fais que ça en ce moment. Stresser. Angoisser. Étouffer sous le froid brûlant. Sous le jour trop sombre. Sous ma couette trop fine.

Que m'arrive-t-il ?

Vivement décembre. Un peu de bonheur. Ma Mamy vient. Ca fait depuis août que je ne l'ai pas vue.
Vivement les emballages cadeaux multicolores. Vivement le champagne qui monte à la tête. Vivement les feux de cheminée en famille. En amie aussi.
Vivement la vie un peu plus douce. La routine devient, de jours en jours, un peu plus pesante.

Et la mélodie du Moulin me revient, lente, triste, pleine de souvenirs.
Quentin me manque d'un coups.
Tous les disparus me manquent d'un coups.

R. , j'ai bien besoin de t'écrire un peu.
Je le ferai quand j'en aurais le temps, pendant les vacances sûrement.

Voilà c'est tout pour aujourd'hui, j'attends minuit avec impatience. J'aimerai bien entendre à cette heure-ci les flocons doux toquer à mon vélux et me murmurer :
' c'est bon, n'attends plus pour sourire, décembre est là, nous sommes tous là '


Tous ?

Oui, tous.