Les lampadaires n'arrivent même plus à respirer, tellement le brouillard les étouffe.
Ca me fait mal pour eux.


Je vois mes mains dans le vélux. Mes mains froides qui frappent bruyament le clavier. Je me suis peletonner dans une couverture sanguine en polaire. J'adore ce tissu industriel, il réchauffe tellement la peau, à l'en bruler.
J'ai le bout du nez glacé. Allez savoir pourquoi. Ma mère vient d'éteindre le chauffage." Pour la nuit", qu'elle m'a dit. N'empêche que mon père et elle dorment le vélux ouvert. Ils sont complétement " j'tés " comme dit Marine. C'est joli comme prénom Marine. Ca me fait penser au sel. Allez savoir pourquoi.
J'aperçois le soleil. Il est minuit et cinq minutes. Ou alors, c'est la lune qui s'est déguisée. Si c'est le cas, les étoiles doivent être fâchées contre elle. Je les entends crier, de ma chaise en cuir bleu turquoise. Une couleur froide qui jure avec la chaleur de ma couverture. Je ne vais pas tarder à me glisser sous ma couette. Le matelas hurlera sous mon poids. " Non non non, surtout pas !!! ".
Voilà ce qu'il criera. Ca me fait penser au vieux dans Oliver Twist qui disait " le plus grand pêché du monde, c'est de faire preuve d'ingratitude ".
J'aimais bien sa voix faussement chevrotante.
J'aimais bien.
Le film était beau mais je n'en ai pas pleinement profité à cause d'une vieille dame pas si vieille tout de même qui n'arrêtait pas de lancer des banalités comme " AAAH ! je le savais ".
Sursauts et grognements garantis.

J'ai envie de boire un neskique. J'aime cette poudre qui ressemble tant à des pigments bruns.
Mince, moi aussi je commence à dire dans les banalités.
Ca se soigne ?