Hier, quelques coups de ciseaux. Les mèches qui viennent embrasser le carrelage froid et blanc. Le sèche cheveux qui brûlent les oreilles. Mon sourire un peu anxieux. Parce que changer de tête, c'est pas si facile.


( voilà la coupe en question, toute brushinguée... normalement c'est la bouclitude totale, soit dit en passant je me suis achetée un produit lissant pour varier les plaisirs ) ( bref, tout le monde s'enfout hahaha )
L'appréciation de ma marraine absente pendant quatre longues années. Mon père qui dit " j'aime mieux quand ils sont bouclées ".
Une petite goute et mes illusions lisses auront disparues. Juste une.

Et pourtant, ça tient.
Ca reste en place en rebiquant légèrement à la pointe.

Ce matin...je touche ma nuque nue. Je touche le vide, là oui ils étaient avant.
Et puis je pense à ce qui sont devenus, au fond de la poubelle, des millions d'autres cheveux par-dessus eux. J'espère seulement que je n'ai pas le cheveux chlostrophobe, parce que, écrasé sous des inconnus, il y a de quoi étouffer.
Mais je suis sûre, qu'ils ont du courage, EUX.

Vers sept heures trente, ma marraine est repartie, aussi vite qu'elle était venue. Moi, j'ai attendu sur le quaie, une main au fond de ma poche droite ou se cotoient des miettes de pain et un médiator éraflé, l'autre dehors, à s'agiter devant la vitre, parce que je crois bien que c'est comme ça qu'on dit aurevoir.
Le ronflement régulier du train m'a fait sursauter. J'aurais bien voulu sauter dedans pour partir loin ( jusqu'au ciel, qui sait ? ) mais j'avais cours à huit heures. Juste le temps de m'acheter des chwingums à la framboise et me voilà dans cette prison grise, cette cours immensément maussade, ces gens qu'ils ne me connaissent pas. Enfin, ça dépend des quels, aussi.
Des remarques qui blessent genre " ça t'allais mieux avant " et mon coeur qui hurle ' je vous emmerde, tous, avec vos sales tronches, vos âmes salies, vos esprits faussement critiques ! '. Mais il ne faut pas paraître blesser.
Alors je repars. Les larmes qui coulent pas vraiment. Pas que je sois triste. Enfait, pour être claire, je me fais chier.
Tout se ressemble dans ce bahut. Rien n'est différent.
Hâte de faire un je ne sais quoi extraordinaire. Je suis trop exigente avec la vie.
Elle fait ce qu'elle peut, la pauvre.
Au moins elle arrive à faire briller les autres et le soleil.
Parce qu'aujourd'hui le soleil dardait des rayons brillants sur toutes mes fenêtres. Il tombait sur ma tête, venait se fracasser - au hazard - sur un morceau de bitume. Il faisait scintiller chaque bout de feuille. C'était beau, mais froid.
Enfait cette pure lumière avait l'air inaténiable et cela frustrait mes doigts qui essayeaient - en vain - d'attrapper ces filaments rayonnants.

L'herbe avait l'air d'avoir été conçu en pâte d'amande mentholée.

J'ai pensé à Seb toute la journée. Mais je viens de m'en rendre compte que maintenant. Parce que j'pensais que je pensais à l'autre. Celui aux yeux verts.

Seb...il me fait pleurer. Son sourire est acidulé sous des yeux tristes. J'aimerai bien le prendre dans mes bras, lui dire qu'il n'est pas le seul à être triste parfois...Sauf que lui, on dirait qu'il l'est tout le temps.
Et ça, ça me tue. Il mérite pas cet air malheureux. Non, ça lui va vraiment pas.
C'est en désaccord avec ce sourire resplendissant.

J'écris très rapidement, sans réfléchir. Ca fait longtemps que ça n'a pas été aussi fluide. Mes mots sont eux-mêmes aujourd'hui.
Pas envie de faire de figures de styles, juste de jeter ma vie ici.

J'ai faim de soja. Celui qui craque dans la bouche, fond sur la langue.
MANGEEEEEER !